Paperjam - 01 mars 2016 - Les RH sont au coeur de l'entreprise
Chaque mardi, Paperjam donne carte blanche à un entrepreneur, dans laquelle il évoque ses débuts, la manière dont il perçoit l'évolution de sa société et un fait d'actualité qui l'a marqué. Aujourd'hui : Guy Tescher, CEO de Microtis désormais en retraite, mais toujours administrateur délégué de la société.
Monsieur Tescher, quelle a été votre première expérience professionnelle, et que vous a-t-elle apporté dans votre carrière d’entrepreneur?
«Le 1er septembre 1976, à peine sorti de l’université, j’ai commencé ma carrière professionnelle dans l’industrie mécanique auprès de la société Cleveland Tramrail International, qui s’appelle aujourd’hui CTI Systems.
J’avais fait des études d’ingénieur diplômé électricien-électronicien. Le fonctionnement des ponts roulants et des transstockeurs que cette société fabriquait représentait pour moi un terrain inconnu.
Après avoir effectué mon ‘rodage’ dans cette société, je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de processus manuels, nullement automatisés.
Avec mon collègue de bureau, nous avons pris l’initiative de développer, avec des moyens simples et sur une calculatrice programmable Texas, une application permettant de réduire drastiquement le temps de calcul du design d’un pont roulant.
Comme le département Construction ne nous prenait pas au sérieux, je suis allé trouver le directeur de CTI, pour lui expliquer ce qu’on avait réalisé et lui proposer un challenge entre les fervents du processus de calcul manuel et nous deux avec notre application. Il a aimé et m’a dit : ‘Si vous parvenez à calculer correctement un pont roulant avant les autres, je vous emmène déjeuner.’ Challenge accepté.
Le jour du test, nos collègues défenseurs du calcul manuel et nous-mêmes avons reçu un dossier à calculer. Nos calculs ont été terminés et se sont avérés corrects en quelques minutes alors que nos collègues étaient toujours en train de se creuser la tête.
Nous avons super bien mangé!
Par la suite, le directeur a ordonné l’introduction de calculateurs programmables et l’utilisation de notre application qui ont tenu des années.
Ce fut mon premier challenge professionnel. Pas un jeu de roulette, mais un pari mesuré. Ce challenge m’a donné confiance en moi et m’a permis de voir que par des idées et moyens simples, on arrive à faire évoluer une société.
Au regard de votre expérience, comment envisagez-vous l’évolution des logiciels destinés aux RH?
«Le domaine des RH est très vaste: gestion de temps, salaires, administration du personnel, formation, recrutement, gestion de la performance et j’en passe.
J’ai constaté ces dernières années que la complexité des systèmes RH augmentait avec la disparité de systèmes informatiques. Autrement dit, les RH ont besoin d’un système global pour couvrir un grand ensemble de fonctions. Un ensemble de solutions individuelles augmente la complexité et génère des frustrations quand il y a des ‘grains de sable’ entre les systèmes.
Il est évident aussi que, comme les RH sont au cœur de l’entreprise en gérant ses salariés et intérimaires, les autres systèmes informatiques de l’entreprise ont besoin d’extraire des informations des systèmes RH.
D’un point de vue systémique, l’évolution des logiciels RH va dans le sens de systèmes complets, ouverts et disposant de modules d’interfaces standardisés et paramétrables.
Du point de vue de l’utilisateur final, l’accès facile à ses données personnelles et à ses transactions RH devient un must. Le temps où les RH se retiraient dans leur tour d’ivoire afin de calculer les salaires est révolu.
Aujourd’hui, les salariés demandent des systèmes RH participatifs: accéder à leurs informations et utiliser des services mis à leur disposition, de partout et avec n’importe quel smart terminal.
Qu’avez-vous retenu de l’actualité de ces derniers jours? Quel événement vous a plus particulièrement marqué? Et pourquoi?
«Je ne suis pas politicien ni membre d’un parti politique, mais simplement entrepreneur. J’observe seulement ce que nos politiciens font.
Le sommet européen du 20 et 21 février qui devait statuer des dérogations britanniques ne m’a pas particulièrement enthousiasmé.
Mis à part le fait que les Britanniques ont toujours eu des traitements de faveur et qu’ils ont encore réussi à imposer leur volonté, je trouve que l’idée européenne commence à devenir une illusion.
Je ne retrouve plus l’idée d’une Europe solidaire, mais plutôt celle d’un club de dirigeants égoïstes ou chacun tire la couverture à lui. Le flux des réfugiés a bien mis en évidence ce retranchement vers des idées nationalistes et protectionnistes.
À mon avis, l’Union européenne manque de règles et de procédures de pénalisation strictes si un membre ne se tient pas à ces règles. Si l’UE était une entreprise, cela ferait longtemps que de telles règles seraient en application.»
Source :
http://paperjam.lu/rendez-vous/les-rh-sont-au-coeur-de-lentreprise
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